Ce 25 janvier, Mère Jean-Marie est décédée à Moncton. Soeur cistercienne de Rogersville, elle avait fait stabilité dans notre communauté d'Echourgnac lorsque sa communauté avait été fermée.
Femme dynamique, elle avait été l'auteure de plusieurs ouvrages de spiritualité.
P. Yvon-Joseph Moreau, de l'abbaye du Val-Notre-Dame qui l'a bien connue, nous partage quelques réflexions:
- « Le Mystère m’attire ». Par ces mots, Mère Jean-Marie nous a dévoilé le secret de son cheminement de moniale et d’abbesse, et elle l’a modulé de différentes manières dans les deux livres qu’elle a écrits. Le premier : Itinéraire spirituel. La voie monastique, publié en 1993 et le second : Le secret du cœur. L’être spirituel, en 1999. Elle nous a partagé sa vision de l’itinéraire spirituel et en a donné une description, jaillie de son expérience personnelle : «C’est par notre immersion dans le Mystère du Christ, par tous les pores de notre être », écrit-elle, « que notre cœur est continuellement re-créé par le Saint Esprit. Et la participation à cette vie divine nous est offerte dans le contexte de notre vie quotidienne ordinaire, puisque chaque instant est rempli du Mystère du Christ. » (cf. Itinéraire spirituel, p.29) À son point de vue, ce n’est pas là un privilège réservé aux moniales et aux moines, mais une
grâce offerte à tous les chrétiens, car, affirme-t-elle : « Toute vie, toute vie spirituelle, nous vient de la miséricorde infinie de Dieu ». (p.13). Une affirmation que notre cher pape François ferait sûrement sienne !
- Femme spirituelle, Mère Jean-Marie a su développer des relations d’amitié et de confiance avec de nombreux frères et sœurs dans la vie monastique. Je me limite à signaler les beaux liens qui l’unissaient à Mère Monique, abbesse de l’Étoile Notre-Dame, au Bénin ; à Dom André Louf, abbé du Mont-des-Cats, en France ; à Sœur Élisabeth Connor, moniale de Notre-Dame du Bon Conseil, au Québec et à Père Charles Dumont, moine de Scourmont, en Belgique. Toute cette belle cohorte l’a précédée dans notre maison d’éternité ! Pour ma part, j’ai été profondément touché par la confiance qu’elle m’a manifestée en m’invitant à donner une retraite à ses Sœurs de l’abbaye de
Notre-Dame de l’Assomption, en 1990, alors que je venais à peine de prononcer mes vœux solennels. J’avais choisi comme thème « Vivre à l’écoute du désir de Dieu, avec nos Pères de Cîteaux ». Par sa confiance, Mère Jean-Marie a ouvert devant moi un chemin qui m’a conduit à donner plus de 50 retraites : autant de rencontres et de partages enrichissants. Je ressens envers elle une profonde dette de reconnaissance !
- Au terme de sa vie, Mère Jean-Marie a connu l’épreuve d’être rivée en quelque sorte à un fauteuil de malade. Dans son livre Le Secret du cœur (p. 7), elle a relaté l’anecdote d’une recluse qui passait ses journées, assise dans sa cellule. À un Père du désert qui l’avait visitée et lui avait demandé : « Pourquoi vous asseyez-vous ici ? », celle-ci avait répondu : « Je ne m’assieds pas, je voyage ». J’aime penser que, se souvenant de cette recluse et inspirée par l’Esprit Saint, Mère Jean-Marie a traversé ce temps d’épreuve en voyageant dans les espaces intérieurs de son cœur, approfondissant son « être spirituel », et progressant vers « la vie véritable et éternelle », comme nous y invite saint Benoît dans sa Règle.
- « Le Mystère m’attire », affirmait Mère Jean-Marie (cf. Le secret du cœur, p. 92). Oui, le Christ l’a attirée à Lui et c’est maintenant l’éblouissante rencontre, dans la Lumière du Christ mort et ressuscité pour notre vie.! Avec reconnaissance, rendons grâce à Dieu pour elle et en communion avec elle !