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L'aventure cistercienne

LES ORIGINES

Les débuts furent rudes: dénuement, famine, décès multiples, vocations rares... quand enfin survint en 1112 le jeune Bernard de Fontaine (futur saint Bernard) accompagné d'une trentaine de compagnons. Ces nouveaux moines s'attiraient la sympathie et le soutien des uns, les critiques des autres : ils ne vivaient pas comme tout le monde ; ils refusaient dîmes et bénéfices ecclésiastiques pour vivre de leur propre travail, refusaient d'entrer dans le circuit féodal, prétendaient suivre la Règle de manière plus exacte...

Les Abbayes en Bourgogne

Rapidement des fondations s'imposèrent, de plus en plus lointaines, au risque de ruiner l'esprit du projet primitif. Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, mit au point une organisation qui respectait la personnalité et l'autonomie de chaque communauté tout en établissant un système de relations juridiques et familiales apte à maintenir la cohésion de l'Ordre cistercien depuis le Moyen-Orient jusqu'en Irlande, depuis la Norvège jusqu'au Portugal. Cette organisation, dite « charte de charité », perdure jusqu'à nos jours.

En même temps, il mit en place une réforme liturgique, culturelle et architecturale caractéristique :
beauté dans l'austérité, lumière dans l'ascèse, simplicité qui désencombre de tout pour être libre dans la recherche de Dieu.

En 1098, un groupe de moines quitta l'abbaye bénédictine de Molesme, au diocèse de Langres, pour fonder un « nouveau monastère» dans un endroit désert appelé Citeaux donné par le vicomte de Beaune, situé au diocèse de Chalon.
Le lieu tire son nom des "cistels" (roseaux) qui couvraient ce terrain marécageux. Cette fondation eut lieu, selon la tradition, le 21 mars 1098 (fête de saint Benoît et, cette année-là, dimanche des Rameaux).

LA POUSSÉE DES TEMPS MODERNES

Fondateurs ordre CistercienSaints fondateurs de Cîteaux

Bousculé par le développement des villes, des universités, des Ordres mendiants, le monde monastique était fragilisé quand s'abattirent sur lui les catastrophes des XIVème et XVème siècles: le grand schisme d'Occident (pape d'Avignon contre pape de Rome, 1378-1417), la guerre de Cent Ans (1337-1453), la Grande Peste (1348-1350), la montée des nationalismes.

En France, le Concordat signé entre François 1er et le Pape Léon X reconnaissait au roi de France le droit à la nomination des abbés de tous les établissements du royaume ; de ce fait, il généralisait le système de la commende. Le bénéficiaire fut souvent un non-moine, un laïc, voire un enfant. Pour la plupart, ces abbés commendataires cherchaient à tirer de leurs abbayes le maximum de revenus, sans se soucier des bâtiments ni de la communauté.

La Réforme protestante et les guerres de religion vont, à leur tour, bouleverser le contexte socio-religieux, laissant des ruines un peu partout, faisant des apostats et des martyrs. En quelques années, des centaines de monastères en Europe furent détruits ou sécularisés.

Dès le XVème siècle, des essais de réforme virent le jour, au niveau d'une abbaye, d'un groupe d'abbayes, de l'Ordre ou du Saint-Siège. En France, l'abbé Jean de la Barrière fonde la congrégation des Feuillants, approuvée par Sixte V dès 1586. Il établit une tradition d'une particulière austérité dans sa communauté par un retour à l'idéal primitif cistercien.

Une autre réforme fut réalisée par Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700), filleul de Richelieu, clerc brillant, ambitieux abbé de cour qui avait hérité de la commende de La Trappe. Après la mort d’une de ses proches, il se convertit, devint l'abbé régulier de la communauté et chercha à restituer la simplicité et l'austérité originelles de la vie cistercienne, fondées sur la règle de saint Benoît, le travail manuel, la prière liturgique et personnelle. D'autres monastères cisterciens se réformèrent au même moment, indépendamment de la Trappe, comme l'abbaye de Sept-Fons. Les monastères réformés se groupèrent sous le nom d'"Étroite Observance", tout en continuant à dépendre de l'ordre de Cîteaux.

RanceDans la seconde moitié du XVIIIe siècle, des critiques virulentes sont énoncées à l'encontre du monachisme. La Révolution française amena la fermeture de toutes les maisons religieuses et donc des monastères cisterciens de France. Avant la dispersion de sa communauté, dom Augustin de Lestrange, maître des novices à l'abbaye de la Trappe, organisa l'émigration d'une partie des moines vers la Suisse dans l'ancienne chartreuse de la Valsainte. Mais la guerre et de nombreuses difficultés les obligèrent à un long périple à travers l'Europe centrale, la Russie ; ils essaimèrent un peu partout en Europe (Westmalle en Belgique, Lulworth en Angleterre, Darfeld en Westphalie, et ailleurs...) et même au Nouveau Monde (Etats-Unis, Canada), puis, après l'abdication de Napoléon Ier, se réinstallèrent en France

À la demande du Saint-Siège, les congrégations trappistes se réunirent en 1892 sous le nom d'Ordre des cisterciens réformés de Notre-Dame de la Trappe, élisant un Abbé Général. En 1899, l'Ordre put racheter Cîteaux et y recréer une communauté;  l'abbaye qui avait donné son nom aux cisterciens redevint dès lors tête de l'Ordre, qui s'appellerait désormais Ordre cistercien de la stricte observance.

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Les Pères cisterciens

Isaac de l'Etoile (V. 1110-V. 1178)

abbaye des chateliersAnglais, moine de Pontigny, semble-t-il, puis abbé de l'Étoile, dans le Poitou (alors aux Anglais), ensuite à Notre Dame des Châteliers, dans l'île de Ré. Un penseur, un spirituel, un mystique. Il a beaucoup d 'idées originales, qu'il exprime en images souvent savoureuses. Il captivait tellement ses moines par ses enseignements qu'ils ne voulaient entendre personne d'autre que lui. Il captive encore par ses écrits.

Vivre dans la volonté de Dieu

La somme de toute vie religieuse et de toute obéissance, c'est d'aimer ce qu'aime Dieu, parce que Dieu l'aime; de haïr ce que Dieu hait, parce que Dieu le hait; de vouloir ce que Dieu veut, parce que Dieu le veut; de ne pas vouloir ce que Dieu ne veut pas, parce que Dieu ne le veut pas. Lorsque tout cela nous est signifié du dehors par les choses, nous entendons comme de vive voix la volonté de Dieu. Et si nous voulons être amis de l'Époux, quand même ici ou là nous sommes dans la peine pour quelque autre raison, soyons pourtant dans l’allegresse à cause de la voix qui nous exprime la volonté de l'Epoux.

Sermons, t. III, SC n° 339, 2° Sermon pour la Nativité de saint Jean-Baptiste, p. 147.

Guillaume de Saint-Thierry (1085-1148)

Guerric d'Igny (entre 1070 et 1080-1157)

Bernard de Clairvaux (1090 - 1153)

Baudoin de Ford (? -1190)

Aelred de Rielvaux (1110-1166)

Cisterciens aujourd'hui

Rafael

Au XXe siècle, l'ordre cistercien de la stricte observance a essaimé largement hors d'Europe. Le nombre de monastères a doublé pendant les 60 dernières années : de 82 monastères en 1940 à 127 en 1970, et à 170 au début du XXIe siècle. De nos jours, il y en a une vingtaine en Afrique, 14 en Amérique centrale et du Sud, 20 en Amérique du Nord et une vingtaine en Asie et dans le Pacifique.

L'expansion de l'ordre est cependant plus spatiale que quantitative : pendant ces mêmes années, le nombre total de moines et de moniales dans l’ordre a diminué de 20%. Il y a actuellement dans le monde environ 2100 moines trappistes et 1800 moniales trappistines. Cela fait une moyenne de 23 membres dans chaque communauté.

Tibhirine

L'Ordre Cistercien de la Stricte Observance est aussi connu à travers plusieurs de ses membres qui, malgré le caractère caché de leur vie, ont eu un rayonnement au-delà des murs de leur monastère. Quelques-uns ont été déclarés par l'Église catholique "Bienheureux", c'est-à-dire exemples de vie chrétienne.

C'est le cas notamment des sept frères du monastère de Tibhirine en Algérie, restés sur place à la demande de leurs voisins, et assassinés en mai 1996. Ils ont été déclarés "témoins du plus grand amour".

Thomas Merton

Quelques-uns ont témoigné de leur foi à travers des livres, comme par exemple le trappiste américain Thomas Merton de l'abbaye de Gethsémani (Kentucky), dont l'autobiographie" La nuit privée d'étoiles" (The seven storey mountain) a été un best-seller traduit dans de nombreuses langues.