Nous savons ce que nous cherchons et quel est celui qui nous a conduits ici. Nous cherchons Dieu, nous attendons Dieu. Ce n'est pas une petite affaire, ni le fait d'une âme mesquine, puisque l'Épouse du Cantique, qui, du fait de son nom, se glorifie d'un amour particulier, se plaint souvent d'être déçue : “Je l'ai cherché, dit-elle, et je ne l'ai pas trouvé". Car il est aussi admirable qu'aimable : on le trouve sans le chercher et on le cherche sans le trouver.
Si nous étions nés dès que l'homme apparut sur la terre et si notre vie s’étendait jusqu’à cent mille ans, notre quête durant ce temps ne serait pourtant pas encore digne de la gloire future qui se révélera en nous. Voici maintenant le temps de chercher ; voici maintenant, à portée de mains, le jour propice pour trouver. Cherchez le Seigneur pendant qu'on peut le trouver, est-il dit, invoquez-le quand il est proche." - "Tu es bon, Seigneur, pour l'âme qui te cherche" ! Si tu l'es pour celle qui te cherche, combien plus pour celle qui te trouve ! Si ton souvenir est si doux, que sera ta présence ? Si le lait et le miel sont doux sous la langue, que sera-ce sur la langue ?
Que cela vous serve de critère, frères, pour savoir si vous êtes dans la bonne voie, ou si vous vous en êtes écartés : "Joie, dit le psaume, pour le cœur qui cherche Dieu". Si vous trouvez la joie au milieu des fatigues, si vous courez d'un pas sûr et infatigable dans la voie des commandements de Dieu, il est certain que vous cherchez toujours sa face.
Où donc s'en est allé le Bien-Aimé loin de celui qui l'aime, pour que nous le recherchions ? Où est-il ? Ah, malheureux, que dis-je ? Mais où donc n'est-il pas ? Il dit de Lui : "Je suis Celui qui suis." Il est en toute vérité, car son être, c'est d'être ce qu'Il est.
Alors, quel rapport, quel lien peut-il y avoir entre celui qui n'est pas et Celui qui est ? Comment peuvent se joindre des êtres aussi dissemblables ? "Pour moi, dit un saint, adhérer à Dieu, c'est mon bonheur." De manière directe, nous ne pouvons lui être unis, mais peut-être cette union sera-elle possible par quelque intermédiaire.
Il en est qui sont unis à Dieu par une sorte de colle, je veux dire par la charité, lien aussi agréable que sûr : adhérant au Seigneur, l’homme ne fait qu'un seul esprit avec Lui. Quoi qu'il fasse, quoiqu'il lui arrive, celui-là le fait tourner à son profit. Heureux cet homme, débordant de l'abondance magnifique de l'Esprit ! Par sa douceur et l'onction reçue, il supporte tous les hommes et se laisse porter par tous. Par cette colle, le regard divin nous a attachés à Lui dès le commencement du monde, pour que nous soyons saints et sans tache en sa présence, dans l’amour. N'est-ce pas notre bonheur de nous attacher à Dieu ?
Cherchez, Frères, cherchez le Seigneur et soyez plein de force. Cherchons donc de manière à le chercher toujours et qu'il puisse dire de nous en venant nous chercher : "Voici la race de ceux qui cherchent le Seigneur, qui cherchent la face du Dieu de Jacob." Alors, que s'ouvrent les portes éternelles, et qu'il entre le Roi de Gloire, et nous aussi avec Lui, qui est Dieu béni pour les siècles.
Saint BERNARD
4ème Sermon divers