Le dialogue avec le Christ connaît des alternances. La prière ne serait-elle pas de nous tenir simplement devant lui, avec ou sans dialogue ? Il en est aujourd’hui qui vivent comme au jour du samedi saint, dans un sentiment subjectif d’absence de Dieu, face au silence de Dieu, comme s’il était mort. Leur existence se passe sans qu’ils se sachent aimés, ni de Dieu ni des hommes, si intime est la réciprocité de l’un à l’autre. L’un des plus purifiés par l’épreuve, Charles de Foucauld, n’écrivait-il pas au soir de sa vie : "Je ne sais pas si Dieu m’aime et je ne sais pas si je l’aime".
Pourtant, même sans dialogue, Lui nous regarde et toujours nous considère. Il nous engage à ne pas faire l’économie de la foi, à avancer sans la vue, joyeux de croire sans avoir vu, et cela pour les hommes, parmi les hommes.
Une foi ancrée dans la charité
L’acte de foi est autre chose que l’acceptation ferme d’idées reçues et de la mentalité d’un milieu de vie. La foi, comme acte est une démarche, comme vertu un habitus dynamique, un mouvement vers le Christ que sans cesse il faut maintenir et renforcer. Loin d’être un repos dans la vérité acquise, la foi est une conquête perpétuelle. On ne croit pas une fois pour toutes, puisque croire, c’est aller au Christ et que, jusqu’à la mort, nous ne serons jamais totalement près de lui. C’est aussi pourquoi, sur terre, on n’aime pas une fois pour toutes, parce qu’il faut encore croire, encore aller à celui qu’on aime. Nous devons aimer toujours à neuf pour toujours aimer, et nous devons à chaque instant croire avec la fraîcheur originelle et avec élan.