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Séraphin de Sarov
Encore il faut que je vous dise, afin que vous compreniez mieux ce qu’il faut entendre par la grâce divine, comment on peut la reconnaître, comment elle se manifeste chez les hommes qu'elle éclaire : la grâce du Saint- Esprit est Lumière. Toute l’Écriture Sainte en parle. David, l'ancêtre du Dieu-Homme, a dit : « Une lampe sous mes pieds, ta parole, une lumière sur ma route ». En d'autres termes, la grâce du Saint-Esprit, que la loi révèle sous la forme des commandements divins, est mon luminaire et ma lumière.
En effet, le Seigneur a souvent montré, en présence de nombreux témoins, l'action de la grâce du Saint-Esprit sur des hommes qu'il avait éclairés et enseignés par de grandioses manifestations. Rappelez-vous Moïse après son entretien avec Dieu sur le Mont Sinaï. Les gens ne pouvaient pas le regarder, tellement son visage brillait d'une lumière extraordinaire. Il était même obligé de se montrer au peuple la face recouverte d'un voile. Rappelez-vous la Transfiguration du Seigneur sur le Thabor. « Il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent blancs comme neige », et ses disciples, effrayés, tombèrent la face contre terre. Lorsque Moïse et Élie apparurent revêtus de la même lumière, « un nuage les recouvrit afin qu'ils ne soient pas aveuglés ». C'est ainsi que la grâce du Saint-Esprit de Dieu apparaît dans une lumière ineffable à ceux à qui Dieu manifeste son action.
Comment, alors, demandai-je au Père Séraphim, pourrais-je reconnaître en moi la présence de la grâce du Saint-Esprit ?
C'est fort simple, répondit-il. L’Écriture dit : « Tout est simple pour celui qui acquiert la Sagesse ». Notre malheur, c'est que nous ne la recherchons pas, cette Sagesse divine qui, n'étant pas de ce monde, n'est pas présomptueuse. Pleine d'amour pour Dieu et pour le prochain, elle façonne l'homme pour son salut. C'est en parlant de cette Sagesse que le Seigneur a dit : « Dieu veut que tous soient sauvés et parviennent à la Sagesse de la vérité ». À ses Apôtres qui manquaient de cette Sagesse, il dit : « Combien vous manquez de Sagesse ! N'avez-vous pas lu les Écritures ? » Et l’Évangile dit qu'il leur ouvrit l'intelligence afin qu'ils puissent comprendre les Écritures. Ayant acquis cette Sagesse, les Apôtres savaient toujours si, oui ou non, l'Esprit de Dieu était avec eux et, remplis de cet Esprit, affirmaient que leur œuvre était sainte et agréable à Dieu. C'est pourquoi ils pouvaient écrire : « Il a plu au Saint-Esprit et à nous… », et c'est seulement persuadés qu'ils étaient de sa présence sensible, qu'ils envoyaient leurs messages. Alors, ami de Dieu, vous voyez comme c'est simple ?
Bellefontaine 1973, S.O. 11, p. 205-207, Entretien avec Motovilov.