"Pour vous qui suis-je ?" Cette question que Jésus posait à ses Apôtres, c’est à chacun de ses disciples d’aujourd’hui et, avec une gravité particulière, à chacun des pasteurs de son Peuple, qu’il ne cesse de la poser. À l’approche de la fête de Noël où l’église célèbre la naissance et le mystère de son fondateur, les chrétiens seront peut-être heureux d’entendre un écho de ma réponse personnelle. Ce que tu es pour moi, Seigneur Jésus, je ne puis le formuler qu’avec des mots venus de toi, portés et vivifiés par ton Esprit.
Tu es un homme, le plus humain de tous les hommes. En toi je me reconnais et me retrouve jusqu’au plus profond de moi-même. Ta vie, ta parole m’éclairent et me font vivre. Et pourtant, lorsque je te rencontre, c’est un véritable abîme de ténèbres et de mort qui s’ouvre parfois devant moi !
Tu es un ami, le plus proche de tous les amis. Je reçois tes confidences. Je les passe et repasse dans mon cœur comme faisait ta Mère, Marie. Et pourtant, plus je vis dans ton intimité, plus je perçois la distance qui me sépare de toi. Tu es l’inconnu, l’étranger, le déconcertant, le Tout Autre !
Tu es un maître, mon maître à penser et à vivre, le seul que j’aie envie de suivre inconditionnellement. J’ai passé des milliers d’heures à scruter tes propos, tes actes, tes attitudes. Tu m’as conduit d’étonnements en étonnements, de découvertes en questions, et de questions en découvertes. Tu ne m’as jamais lassé, jamais déçu. Tu te renouvelles sans cesse. Tu es la nouveauté même !
Tu es le Sauveur. Tu ouvres les portes du Royaume de lumière, de justice et de paix annoncées par les Prophètes. Tu brises la fatalité de la mort et du péché ! Ressuscité par la puissance de Dieu, tu combles en la dépassant, l’attente universelle, celle d’Israël, celle de l’humanité, celle de toute créature visible et invisible. Seigneur de l’univers et de l’histoire, tu envoies ton Esprit qui entraîne le monde dans le sillage de ta victoire. Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant !
Tu es l’incomparable. Dans ta parole humaine, dans tes œuvres humaines, dans ta vie humaine, dans ta mort humaine, je pressens un amour au-delà de tout amour. À travers l’obscurité, je devine l’indicible présence de Celui que tu appelles ton Père. Tu es l’image du Dieu invisible !
Tu es celui qui est, qui était et qui vient. Tu es le Verbe éternel, le Fils Unique de Dieu. Toi, le fils de Marie, tu n’as jamais eu d’autre père que Dieu, et ta mère est Mère de Dieu ! Engendré avant l’aurore du monde, tu es Dieu depuis toujours, Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. J’aime dire et chanter que tu es consubstantiel au Père !
Oui, serviteur de ta Parole, j’aime dire et chanter ton Nom ! Mais parce que ce Nom est au-delà de tout nom, de toute pensée, de toute représentation, parce que tu es la Réalité devant laquelle s’effacent tous les signes qui la désignent et qui la donnent, je préfère encore le silence, le silence de la fidélité et de l’adoration !
Enfant de Bethléem je m’agenouillerai devant toi, mon Seigneur et mon Dieu. Et je veillerai près de ta crèche, avec Marie, avec Joseph, avec les bergers et les Mages, avec toute l’Église, dans l’attente du jour où je te verrai tel que tu es, dans la splendeur de la Lumière éternelle !
Église en Côte-d’Or, n° 106