Si quelqu'un a un ami dont en toute certitude il se sait aimé, quoi qu'il éprouve de sa part, même si c'est chose pénible, il tient pour certain que cela a été fait par amour, et jamais il ne croira que son ami veut lui faire du tort. Combien davantage devons-nous avoir, au sujet de Dieu, notre Créateur qui nous a amenés du néant à l'être, qui pour nous s'est fait homme et qui est mort pour nous, cette conviction que tout ce qu'il fait à notre égard, il le fait par bonté et par amour pour nous ! Quand il s'agit d'un ami, je puis bien penser qu'il fait telle chose par affection pour moi et pour mon bien, mais qu'il n'a pas nécessairement toute l'intelligence requise pour s'occuper de mes intérêts, et que, par suite, il pourra peut-être, sans le vouloir, me faire du mal. Mais de Dieu, nous ne pouvons dire cela. Car il est la source de la sagesse, il sait tout ce qui nous est utile et dans cette vie, il règle toutes nos affaires jusqu'aux plus minimes. De l'ami, on peut encore dire : il m'aime, il veut mon bien, il est assez intelligent pour s'occuper de mes intérêts, mais il n'a pas le pouvoir de m'aider là où il croit m'être utile. Cela non plus, nous ne pouvons le dire de Dieu, car tout lui est possible et pour lui, il n'y a rien d'impossible.
Ainsi, nous savons de Dieu qu'il aime et traite avec ménagement sa créature, qu'il est lui-même la source de la sagesse et sait comment régler nos affaires, que rien ne lui est impossible, toutes choses étant soumises à sa volonté. Sachant aussi que tout ce qu'il fait, il le fait pour notre avantage, nous devons accueillir, avons-nous dit, avec action de grâces ce qui nous arrive, comme venant d'un Maître bienfaisant et bon, même si c'est pénible. Car tout vient d'un juste jugement, et Dieu qui est si miséricordieux, ne regarde pas avec indifférence la peine qui nous survient.
Oeuvres spirituelles, Instruction 13, 138-140